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Où l'on est sensé en apprendre plus sur les patates et les systèmes quantiques.
La vérité se situe au milieu de tout, gros.
Haïku lorrain

L'homme végétal - Gérard Nissim Amzallag
04/06/2003 22:49:26
Ce texte va être pénible. Je ne vois pas comment faire ressortir quoi que ce soit de marrant, et il va être de plus le témoignage complètement subjectif d'un lecteur conquis. Que ce soit dit dès le départ : ce post est une énorme lèche.

Le 11 Juin sort au cinéma l'adaptation d'un roman policier fabuleux, que je qualifierai pour moi de top of the pop du genre littéraire : "Le mystère de la chambre jaune" de Gaston Leroux. Dire que ce bouquin m'a remué mes jeunes neurones de l'époque est peu, car il m'a tout bêtement ouvert les yeux sur la logique, stupide chiard que j'étais. Rouletabille, le perso principal au nom aussi désuet qu'hilarant, applique un cheminement intellectuel d'une clarté et d'une simplicité effarante, bien loin d'un Holmes aussi obscur que mouleux, ou d'un Poirot despote et assisté. Le ptit gars applique ce qu'il appelle "le bon bout de la raison", qui se résume en gros à ne croire et n'avoir confiance qu'en ce qui ne peut être démonté par des contre-arguments. Ça parait évident, n'empêche que j'encourage quiconque à lire le bouquin et sa suite "le parfum de la dame en noir" (ne serait-ce que pour devancer le 7ème art qui sans doute fort de son élan trilogique du moment va se lancer dans l'abattement de la collection Leroux), pour sentir la plume théâtrale et fougueuse de l'auteur, qui vous fait bondir de "putain mais c'est trop évident bordel ce gars il oune".
Je ne peux pas prendre d'exemple précis sans tomber dans un spoilage méthodique, aussi on en reparlera genre dans un mois. Mais c'est par cette entrée en matière aussi pertinente que démesurée que je veux présenter Gérard Nissim Amzallag. Voilà un gars qui s'appuie sur le bon bout de la raison. Et comme le dit son parrain en quatrième de couv' : "un scientifique qui pense par lui-même".

Gérard, il est chercheur en biologie végétale, et les plantes pour lui ben c'est un peu ce que sont les chevaux pour Guy Lux (bon je commence à faire mon débile, stop, concentration). Non seulement il en connait un rayon, mais sa curiosité dépasse de bien loin son domaine.
C'est par des petits encadrés d'exemples concrets qu'il s'amuse en premier à virer du piédestal quelques grands principes desquels sont partis les scientifiques modernes. Sans jamais tomber dans le "je suis pas d'accord" bête et méchant, il se place en permanence dans la peau du type qui pourrait contredire ses idées. A mon avis, s'il arrive à le faire si facilement, cela doit être fruit d'une expérience permanente de sa position de non-conformiste dans un monde scientifique rigide et implacable.
M. Amzallag doit être quelqu'un qui dérange, et à sa place, en ayant écrit ce genre de bouquin, je flipperai pour ma peau. Le but : essayer le moins brusquement possible de nous faire accepter que nous ne sommes pas des machines entièrement programmées et réalisées à partir d'une molécule d'ADN. Essayer de nous faire réfléchir à quelques étages au-dessus, histoire d'avoir une vue d'ensemble, sans nous faire tomber de haut. Un genre de "maïeutique du jeune esclave", sauf que le maître se heurte à un obstacle supplémentaire : notre formatage d'idées reçues, inculqué depuis notre premier contact avec un tube à essais.

Selon lui, le vivant s'articule autour de points de développement, le tout en interaction permanente avec l'environnement proche. Nous ne sommes pas le résultat d'un programme génétique monstrueusement détaillé, dans lequel on pourrait lire les coordonnées d'emplacement de chacuns de nos poils. Pire que ça, et toujours par des exemples bluffants d'évidence, il bouscule Saint Darwin en proposant l'idée d'une nature pas si combattive que ça. La loi de la jungle ? Ben pas trop en fait. Plutôt un milieu où même les faibles ont droit à leur zone de développement, du moment qu'ils s'inscrivent dans la mécanique générale. Fort de ses observations, il dénonce le systématique recours au "hasard salvateur" par sa profession. Un fantastique passe-partout appliqué en grande partie à toute mutation bénéfique à une espèce vivante en détresse. La raison (du systématique recours) en est simple : il n'y a rien à comprendre à un phénomène qui, a priori, est considéré comme se produisant au hasard. Ce préjugé est si grand qu'il permet même de déformer (ou pis encore, d'ignorer) certaines observations par souci de préserver une cohérence à ce qui est considéré comme "la seule explication rationnelle possible" (...) L'horloger aveugle des biologistes se montre extrèmement gaspilleur : il ne doit ses réalisations qu'à l'echec, l'insuccès et la mort de la plupart des structures vivantes qu'il construit.

J'insiste sur le fait que l'auteur ne réfute pas tout le travail accompli par ses collègues. Il ne fait que souligner de façon alarmante le comportement obtu de la recherche, qui prends des allures d'auto-persuasion en milieu fermé.
Quand il reprends le cheminement des évolutionnistes du XIXème siècle, c'est pour mettre en garde le lecteur sur la façon dont le singe a été habilement transformé en homme. Non pas que le processus soit faux, mais les techniques employées alors pour écarter les problèmes de correspondance avec la théorie semblent aberrantes (spéculations en cascades, ignorances volontaires de détails).
Il m'est impossible de reprendre ici la foultitudes d'exemples de déviations qu'il donne, sur la manière qu'a la science de s'éloigner de sa propre philosophie. Mais de toutes les expériences, travaux, recoupements rapportés dans ce livre découlent une approche originale et stable de la structure du vivant. Depuis la molécule jusqu'à l'écosystème, Gérard fait ressortir une capacité unique d'autonomie de la matière, qui se développe sans cesse en fonction de son milieu. Cette cohérence générale qui apporte simplicité à un édifice qui, s'il fonctionnait grâce à une planification rigoureuse via des schémas moléculaires définis, s'effondrerait de lui-même de par la masse d'informations qu'il serait nécessaire de déchiffrer. Il en ressort surtout un principe affolant, mais qui dans le contexte devient évident : La fiabilité de résultat n'implique donc pas une fiabilité dans le cheminement qui y mène.
Gérard se bat sur les flancs de sa propre montagne. Il veut attirer l'attention sur ce qu'il a trouvé, juste montrer les énormes rails sur lesquels s'est engagée la science, et rappeller à tous qu'on s'est peut-être trompé d'échangeur. L'ennui c'est que la machine va vite, qu'elle est un peu munie d'oeillères, et qu'elle est pas du genre à freiner pour un petit cailloux qui gêne, alors que tout semble planifié et surmontable.

Je ne peux pas retranscrire dans un champ de 65535 caractères maximum l'étendue magistrale du boulot de l'auteur. Un livre où l'on doit s'arrêter toutes les demi-pages pour digérer l'information, la tête retournée par la fascination, le choc, les détails, tout ce qui fait de cette oeuvre un pavé de réalisme. Je ne demande qu'une chose c'est que si un lecteur, plus pointu que moi et mes faibles notions de biologies encore pendouillantes, s'attaque à ce bouquin et qu'il y trouve à redire, je VEUX savoir. Il me FAUT un autre regard sur ces idées titanesques qui chamboulent la base même de notre développement. Y a une erreur ? Pas de problème, on en discute. Un mensonge ? je suis tout ouï. Un autre raisonnement possible ? C'est encore mieux.
Je n'ai encore trouvé aucune critique de L'homme végétal sur le net. Si personne ne se manifeste ou n'ose s'attaquer à lui, c'est mauvais signe. Ça voudrait même dire qu'on a tellement tort qu'on se tait. Ou tellement mal barrés et orgueilleux qu'on ferme les yeux. Creusons plus vite, mais surtout sans savoir pourquoi.

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PàM Connexion
08/06/2003 10:41:38
Pont-à-Mousson, 22h17 le jour d'avant.

Trois silhouettes hésitantes longent les murs usés par les décibels des pots Bidalot trafiqués. L'atmosphère est tendue, l'heure n'assure plus la sécurité urbaine du samedi, les passants sont rentrés chez eux, le quartier reprends ses droits. Nous marchons en file indienne, le trottoir non plus ne veux pas de nous ici.
Stop. Nous sommes devant le bâtiment. L'homme de tête s'approche de l'interphone pendant que nous nous postons en garde à ses côtés, embrassant notre surveillance de la rue en alterne/interne.
Aucune lumière ne filtre par les carreaux de la résidence. Deux-trois lâchés de clés Allen sur le bitume encore chaud résonnent dans le sens unique, quelques "raboule une chmère et la pipe de 15" et autres "laisse tomber, gros" nous parviennent, étouffés.
- Il doit pas être là :/
Les sentinelles improvisées resserent leur prise sur la crosse imaginaire. La sueur commence à perler sur les tempes. Le temps presse.
- Foutons le camp, ya personne tu vois bien ?
Cliquetis dans la serrure. La porte s'entrouvre. Un taliban passe la tête, avant d'ouvrir entièrement le battant, rassuré de reconnaitre les visages.
- Woaa c'est vous... euh salut.
- Salut, ça te dis de venir boire un coup ?
- Ben euh c'est pas trop le moment en fait là.
- Ah tu révises ?
- Ben faut que j'y aille, j'ai mon film qu'est en pause...
- ...
- Bon ben peut-être à plus.
- ...
La porte se referme. Il n'en faut pas plus pour que la peur reprenne le dessus, nous nous carapatons vers le Tourniquet. Vite, fuir la zone sans pertes humaines, noyer notre douleur suite aux ampoules de la répétitions dans quelque alcool pas cher et réhydrantant.

Mention spéciale à Banane pour l'excuse la plus minable du monde.

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Homo stupidus
21/06/2003 22:08:34
Tiens je pourrai poster sur mon absence totale d'intérêt envers la fête de la musique à Nancy. Le fait que je sois pas du tout dans l'esprit, dans l'impossibilité d'étouffer l'aigriman lâché dans la foule. J'ai dû y aller trop tôt aussi. Enfin bref je pourrai m'étendre sur du gnmgnm réchauffé, qui ne ferai que rajouter des étages inutiles à l'édifice déjà majestueux de cette mauvaise journée. Car j'ai beaucoup mieux à raconter.
J'ai lâché la tortue à 11 heures ce matin. C'est en rentrant ce soir que je me suis rendu compte qu'elle n'avait pas réintégré son vivarium toute seule.
Je pensais pouvoir lui faire confiance, lui laisser un bout de trombone déplié pour qu'elle crochète la serrure d'en bas. Elle aurait ensuite grimpé une à une les marches deux fois plus hautes qu'elle, pour ensuite harponner habilement la poignée de porte à l'aide d'un grapin (je lui ait suffisamment montré Mark Hamill en faire de même, une princesse dans les bras et des stormtrooper qui tirent partout). C'est hantée par les images de Richard Dean-Anderson et de Sergey Bubka qu'elle aurait, usant d'une patte d'un trépied de mes enceintes comme perche, atterri gracieusement dans son compost amortisseur.
Mais là rien, ça devait arriver, elle a bien fini par se rendre compte que le jardin privatif n'était pas fermé à un bout. Elle a marteau-pilé l'escampette. J'en suis bien sur capable d'en rire, là, sur le papier virtuel, mais je me planterai bien des fourchettes dans les oreilles jusqu'au cortex tellement je m'en veux. Et comme dit l'autre "...And remember, external forces are never to blame. You are the center of your universe, the only force to ever affect you, Therefore anything that doesn't work out for you is all your fault..." *
Allez, encore une petite touche d'humour dans le "drame", pour garder l'identité de ce blog, sinon je ne me relirai pas. Je vois d'ici la tête des gens du quartier qui vont découvrir chez le boulanger, au bureau de tabac ou à la pizzeria une annonce "Perdu Tortue dans la journée de Samedi - S'est échappée du jardin du XX rue machin - Signe distinctif : portait du ruban adhésif blanc en forme de croix sur le dessus de la carapace - Merci de la rapporter au..."

* Kobal, tu serais gentil de réouvrir, parce que c'est pénible de devoir rechercher tes posts dans le cache Google. Ah et accessoirement, tu serais gentil de rester en vie aussi. On a un SECRET à mettre sur pieds, bordel.

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Parlons des choses simplement
24/06/2003 08:30:19
The mongrel cat came home holding half a head, proceeded to show it off to all his new found friends.
He said "I been where I liked, I slept with who I liked, she ate me up for breakfast, she screwed me in a vice. And now I don't know why I feel so tongue tied".
I sat in the cupboard and wrote it down in neat.
They were cheering and waving, cheering and waving, twitching and salivating, like with myxomatosis.
But I got edited, fucked up. Strangled, beaten up. Used as a photo in Time magazine. Buried in a burning black hole in Devon.
"I don't know why I feel so tongue tied, don't know why I feel so skinned alive"
My thoughts are misguided and a little naive, I twitch and salivate like with myxomatosis. You should put me in a home or you should put me down.
I got myxomatosis
I got myxomatosis
"Now no one likes a smart arse, but we all like stars"
That wasn't my intention, I did it for a reason. He shook hands with the cripples and he gave them all milk. He did a few card tricks for his mafia geeks.
But now, "I don't know why I feel so tongue tied"

Judge, Jury & Executioner (a.k.a. Myxomatosis)
Radiohead

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La vérité est dans le jardin
29/06/2003 15:12:20

Salut les programmes !
Cette petite semaine de vacances dans la nature m'a fait un bien fou. Alors que je raconte un peu ce qui m'est arrivé. En gros, voyant que Patrik m'avait oublié et qu'il commençait à se faire tard, je me suis mis à sa recherche. Pfou pas évident pour une petite bestiole comme moi de retrouver son maitre pendant la fête de la musique. Enfin moi je me repère aux pompes, au-dessus je vois pas.
Donc me voilà errant près de la gare en quête d'une paire de Nike Air toutes pourries, aux alentours de 5 heures du mat'. Wai j'ai mis un peu la nuit pour arriver jusque-là, eh c'est pas une question de lenteur, j'ai perdu un temps fou en explications avec une botte de gendarme qui me titillait sur une histoire de feu arrière pas en règle. Bref la gare, broucouille. J'ai attendu un peu que le relais H ouvre, histoire de me chopper l'Est Républicain et voir ce qui se passe de neuf dans le moyen-orient. Non mais merde faut savoir qu'on me cache des choses aussi, pas moyen de grapiller un morceau de niouze dans c't'appart. Y a bien deux trois mag qui trainent par terre dans la pièce des pc, mais pas moyen de les ouvrir avec ces putains de pattes mal foutues. Les couvertures c'est vite lassant.
Alors je bouquine mon journal, une Malboro au bec (raaah le bonheur d'une chmère, ça faisait trop longtemps) quand deux grosses rangers et quatre machins noirs poilus et griffus s'arrêtent en face de moi. Une truffe humide derrière une muselière m'incite correctement à dégager, ce que je fais.
J'ai erré pas mal dans Nancy les jours suivants. En faisant une pause au soleil sur une ligne de métal agréablement surchauffée, j'ai fait accidentellement dérailler un Tram. Et comme c'est pas la première fois, je suppose que je dois pas être le seul reptile blindé qui se trimballe ici. C'est con j'aurais bien tapé la discute avec un congénère. Débattre un peu sur la qualité en baisse des pissenlits, comparer les marques de compost, faire un bout de chemin ensemble, et plus si affinité. Non mais c'était quand même sympatique, le bas des fontaines de la place Stan, les trottoirs de l'église St Epvre, les pavés de la Grand Rue, j'ai fait ma touriste, j'ai vu du pays.
Non je ne regrette rien, ça m'a changé un peu.
Bon ok je suis mytho à mort là. En fait je suis resté coincée sous une palette toute la semaine, j'ai juste réussi à me dégager ce matin, reprendre des forces dans la cour au soleil avant que ce stupide bipède bouffeur de chips (qui a changé de grolles le salaud, je me suis pas méfiée) me croise par hasard et me ramasse, complètement abasourdi. Et ouiii gnagna quel heureux hasard hein ? Tu me retrouves au même endroit que tu m'as laissé ya 7 jours. C'est-y pas merveilleux ? Pfff. Le voilà parti dans son délire Mulder et ses trous temporels.
Avec ça je suis pas prête de pouvoir me barrer à la mer cet été je le sens.

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Retour à l'actualité
Le compositeur de ce blog insiste lourdement sur le caractère gratuit, libre et volatile de ses partitions.
Toutes histoires de droits d'auteur et de propriété intellectuelle seront sagement reconduites à la porte.



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