Pont-à-Mousson, 22h17 le jour d'avant.
Trois silhouettes hésitantes longent les murs usés par les décibels des pots Bidalot trafiqués. L'atmosphère est tendue, l'heure n'assure plus la sécurité urbaine du samedi, les passants sont rentrés chez eux, le quartier reprends ses droits. Nous marchons en file indienne, le trottoir non plus ne veux pas de nous ici.
Stop. Nous sommes devant le bâtiment. L'homme de tête s'approche de l'interphone pendant que nous nous postons en garde à ses côtés, embrassant notre surveillance de la rue en alterne/interne.
Aucune lumière ne filtre par les carreaux de la résidence. Deux-trois lâchés de clés Allen sur le bitume encore chaud résonnent dans le sens unique, quelques "raboule une chmère et la pipe de 15" et autres "laisse tomber, gros" nous parviennent, étouffés.
- Il doit pas être là :/
Les sentinelles improvisées resserent leur prise sur la crosse imaginaire. La sueur commence à perler sur les tempes. Le temps presse.
- Foutons le camp, ya personne tu vois bien ?
Cliquetis dans la serrure. La porte s'entrouvre. Un taliban passe la tête, avant d'ouvrir entièrement le battant, rassuré de reconnaitre les visages.
- Woaa c'est vous... euh salut.
- Salut, ça te dis de venir boire un coup ?
- Ben euh c'est pas trop le moment en fait là.
- Ah tu révises ?
- Ben faut que j'y aille, j'ai mon film qu'est en pause...
- ...
- Bon ben peut-être à plus.
- ...
La porte se referme. Il n'en faut pas plus pour que la peur reprenne le dessus, nous nous carapatons vers le Tourniquet. Vite, fuir la zone sans pertes humaines, noyer notre douleur suite aux ampoules de la répétitions dans quelque alcool pas cher et réhydrantant.
Mention spéciale à Banane pour l'excuse la plus minable du monde.