Wu-Ji n'existait pas. Je la croyais abandonnée, encore ces fameux yeux bédouins si "clichay", absolument oubliée dans un coin de sol carrelé pas vraiment entretenu. De la terre peinte au pigment lui-même démoralisé. Deux pupilles noires ouvertes sur les nuages moussouneux.
Alors pour tuer les cultures à petit feu, elle joue avec une roulette de lit démonté, un morceau du carrelage triste et puis bah rien d'autre. Le bout de buisson a déjà servi tout hier, faut innover, quoi.
Parfois, luxe, une branche ou un pneu prend une forme vaguement humanoïde, alors c'est gloire dans les chaumières, noël dans la joie. La soudaine personnification s'agite dans de petits mouvements sautillants.
Deux-pattes-et-demi se promène, va cueillir des fruits, se met à table, dort, va travailler aux champs pliée en deux, se fait rouler dessus par une charrette, saute sur un feu d'artifice (à ce moment de l'histoire, Wu-Ji décide de renommer sa poupée), une-patte-trois-quarts s'en fout et continue à gambader parmi les bambous.
Quand le bout de truc n'est pas sage, Wu-Ji lui plante la pointe la plus aigüe du morceau de carrelage (cité plus haut) dans l'épaule, ce qui a pour effet de faire hurler Géradon à des milliers de kilomètres.
Mais bon, une enfant n'a pas conscience de ça, et puis n'a pas l'oreille assez fine.
[pas mort pour rien] dyslexics have more debs.