En bas de chaque formulaire d'embauche de technicien informatique, il y a une clause en police 3(µm) qui stipule que l'on accepte le boulot à vie.
Afin de savoir si vous correspondez au profil, les patrons s'adressent à des entreprises spécialisées en recoupements d'informations, en sondages et filatures diverses, chargées de faire un enquête sur votre relation avec le matériel informatique de votre entourage. Ne soyez pas étonnés si à la terrasse des cafés, vos potes se font engager conversation avec des types louches, qui leurs posent des questions comme "combien de fois vous a-t-il installé Windows chez vous ?", "s'y est-il repris à plusieurs fois ?", "en cas d'échec, a-t-il reporté la faute sur une quelconque incompatibilité matérielle ?", "vous a-t-il proposé un OS GNU alternatif ?", "a-t-il répondu à vos coups de fils pour dépannage régulièrement ?", etc.
Une fois que vous avez les pieds dedans, c'est une étiquette qui ne vous lâche plus. Non pas que ça ne vous plaise pas de mettre les mains dans le cambouis binaire, mais il y a des limites de situations. Je me souviens d'un repas tranquille à la campagne en compagnie de Guybrush, un pote looser qui réussi pour l'instant dans sa vie (ça n'est pas incompatible), et qui avait invité son pote quasi-chirurgien (genre il lui reste 2 ans d'études, mais il pratique déjà) fort sympatique, qui au détour d'un "tiens, tu fais quoi toi ?" s'est empressé d'enchainer sur "ah ben tiens justement j'ai mon scanner usb qui chie, tu saurais pas d'où ça viens blablabla...", ce qui moi m'a valu de poursuivre sur un "ah ben tiens moi j'ai une valvule tricuspide qui est pas reconnue plug and play le matin au réveil, tu saurais pas si blablabla..."
Bon ce que je décris là tous les pseudo-geek, même pas forcément très pointus, s'y retrouvent. Je me demandais juste si cette situation, même si je la critique gentiment, ne me manquera pas terriblement dans quelques années, quand les marmots seront capable de dépanner eux-même tout le matos de leur environnement domestique. Je ne me leurre pas sur un quelconque espoir de suivre le mouvement, bien trop rapide pour mon petit crane fatigué, donc pas rentable à booster cliniquement.
Profitons donc de cette période porteuse pour se rassurer, comme je l'ai fait l'autre jour dans une réception mondaine d'acteurs super-connus. Non je n'avais pas ma carte, Nicole K. m'avait demandé de l'accompagner (l'excuse du recompilage de kernel n'a pas fonctionné, et puis j'ai pas voulu avoir de scène en rentrant). Me voilà donc assis sur le coin du billard, sirotant une menthe à l'eau, observant le monde par le monocle de l'aigritude, déconnant avec Brad P. mon voisin fin beurré et mort de lol. Il pointe un doigt moqueur vers Juliette B. affalée dans les plantes vertes et tente de me lancer un "pas cap d'aller lui taper la causette" (Brad est super timide). Je lui laisse mon verre, qu'il s'empresse de verser (Brad aime bien déconner) dans un trou l'air de dire "haha personne va rien voir", ce qui a pour effet de ruiner la moquette juste en dessous bien en évidence (c'était un snooker, Brad est un peu con aussi des fois). Je m'éloigne vers l'apprentie Nicolas le jardinier, qui se relève brusquement, ébouriffée et décorée de teigneux.
- Salut moi c'est Patrik, mon copain là-bas il ose pas te demander de venir avec nous (je montre Brad, en train de se faire engeuler pas Harrison F. maitre de maison et proprio de la moquette), alors euuuh tu fais quoi dans la vie ?
- Ben euh je suis actrice super-connue, et toi ?
- Euh je suis dans l'informatique et...
- Tiens justement j'ai des soucis avec mon scanner usb, tu pourrais me dépanner ?
(en ayant un peu suivi l'histoire, il est évident que le coup de la valvule tricuspide ne pouvait plus fonctionner, aussi j'étais bien embêté)
- Non en fait je déconne, je suis masseur professionnel.