Plagieurs et fils de pute
04/06/2004 16:46:20
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European coconut
05/06/2004 19:55:09
Accoudé à ma fenêtre, l'envie me prend soudain, immédiatement et sans tarder de ne rien foutre. Je respire à full naseaux les senteurs du sapin d'en face, et profite avec joie d'une fraicheur inespérée - je redoute en permanence le retour d'un été touffant, et savoure chaque minute de ce début juin en dessous de 25°c. Quand d'autres s'effraient et se crispent dès qu'un désert occupatif ouvre sa gueule ensablée, je me love à grands sourires lorsque le luxe de l'ennui daigne ouvrir son insondable bourse. Le lézard passif que je singe dans ces moments trop précieux n'en est pourtant pas moins attentif.
Penchant la tête d'un côté, une rafale de pious forment la bande-son du H.L.M. adjacent. Les sous-pentes du quartier, pourtant en configuration architecturale hirondelles-friendly, ont été colonisées par les moineaux domestiques. Les querelles de voisinage m'assurent ainsi une ambiance forestière, où l'écorce enliégée des troncs bruts sont ici linéaires de zinc et d'aluminium. Les piafs ont eux aussi leur cyber-generation, quand les passereaux mécaniques rêvent de partenaires électriques. Juste en face s'étale mon rival de flemme aux pattes black velvet. Ce vis-à-vis permanent a créé entre nous un combat quotidien, et c'est à celui qui s'affalera le plus au bord du précipice des étages que reviendra le regard adversaire le plus dédaigneux. Battant l'air drosophile de ses menottes nonchalantes, il excelle de roulades enchainées sur le béton surchauffé. J'ai le regret malgré moi de m'avouer souvent vaincu, et, l'oeil mi-clot, couché de tout son long, les moustaches tendues dans un rictus victorieux, il n'est pas rare qu'il m'achève d'un baillement exagérément gigantesque.
Le larvage arboré est essentiel au développement culturel. La voie du sage ne peut être complète sans des séances régulières d'autoformation à la fainéatise. Sans cette non-activité, le monde nous échappe, et des détails majeurs peuvent nous passer sous le nez. Embrigadé dans l'inertie mobile, jamais je n'aurai connu le nombre de trous dans la grille d'aération du tableau de bord de la twingo garée en bas. Eh wai ça peut aller très loin, dans les domaines scientifiques comme dans l'études des comportements sociaux. Il m'aurait été impossible de savoir réellement si les nuages évoluent en meute, dans la même direction, et à la même vitesse, si je n'avais eu la patience de concevoir le théorème de comparaison des déplacements par observation entre les cheminées. Je ne peux que saluer les grands esprits de cette ère, qui ont tous su à un moment donner de leur temps pour faire avancer la création en se tapant un bon petit roupillon. Et j'ai confiance en mon voisinage pour appuyer ma réflexion, à savoir que l'oisiveté donne des ailes.
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Schindler's beast (ou l'Otis et sa toile)
12/06/2004 17:45:17
Le peigne anti-morsures de l'escalator festoye inlassablement, avalant ses paliers galvanisés dans un couinement boulimique. La Fnac et moi prenons lentement de la hauteur, mais non du recul, volontairement nivelés à l'étage de la foule saturnienne. Bof, en fait le midi ya vraiment pas grand monde. Entrecroisés dans les rayons, nous voilà lâchés comme chat et souris sous le blason carré *insérez ici une couleur indéfinissable*. Avides (sauf le portefeuille), nos regards lèchent les produits à déménager.
Constat primaire, plus rien ne m'intéresse dans les bacs à pixels. Argl, c'est horrible, au secours, ô désespoir, n'ai-je donc tant vécu que pour cette demie-vie ? Ne restons pas là, ma tristesse sonore risquerait de faire s'envoler le cacodémon tant attendu. Fuyant dans la rangée scientifique, j'aperçoit Igor et Grichka qui pavanent leurs doctorats respectifs sous la forme d'un grimoire pré-bigbangien. Malgré une tiersgraine en chantier au-dessus de l'oeil gauche, je me souviens d'une Pratchetterie bienfaisante qui, de mémoire, devait donner à peu près : «Tout ce que l'on sait c'est qu'avant il n'y avait rien, et que ce rien a explosé». De brefs coups d'oeil se jettent vers les arts invisibles, juste le temps de se dire que des neuros iront s'y perdre plus tard, entre parenthèses. Définitivement, les plus grandes frustrations nous attendent juste en face, là où les bruits dorment dans les nanosillons.
Les yeux s'amusent et se gaussent en découvrant des perles, noyées parmi Steven Seagal qui cotoye Nightwish, ou Elsa qui lorgne sur Rock Against Bush. Les yeux s'indignent sur la série Live des studios Björk, et en passant sur Com Lag, le "Japan Exclusive" (dont un camion a dû se planter de bretelle d'autoroute aux alentours de Kyoto, et qui du coup a préféré décharger à Nancy). Les yeux bavent sur un massive Attack effrontément pas cher, et lèchent l'enveloppe plastique du dernier PJ.
Les yeux s'écrasent. Sur 120 centimètres. De Tournée des Grands Espaces.
Dites "trente-trois". Et envoyez la monnaie.
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Jus de tomate exponentiel
30/06/2004 16:48:25
12h29 - Maxéville - PatrikRoy's Piou-piou Secret Spot of Happy Lunch Time
Un stratocumulus polymorphe en pleine évolution "lapin de garenne" vers "vieille baignoire" tente d'éclipser la lumière sur 3 km² au sol, afin de projeter pour ses potes la forme réduite la plus fidèle possible de Luzern qu'ils ont survolé quelques temps auparavant, et qui leur a semblé chouette. Au même instant un coucou gris, doté d'une dalle monumentale, posté sur un acacia, calcule simultanément les trajectoires probables dans l'espace de 2 hannetons et d'un grand Vulcain (l'éolien, pas Léonard), situés au plus proche de son point d'oservation. Parallèlement, un maître pignon en fonte arrive en butée de crémaillère, et libère le contrepoids chainé de l'arbre à cames d'une horloge mécanique (St Dié des Vosges, 1924). Entraîné par la pile gravitaire, un percuteur recule dans son logement. Quatre-vingt huit pieds en contrebas et à soixante-et-un mètres de distance, le papillon se laisse porter pas les ascendances d'une zone gazonnée jaunie par le rayonnement solaire.
Equilibré à égale distance de deux candélabres jumeaux séparés à la naissance, puis par les fondations, la concentration extrème d'un pratiquant de Pa Kua Chuan enchaînant ses paumes extérieures et d'attraction me laisse bouche-bée, sandwich dans les mains, tandis que le nipaude diffuse des biteulz persuadés que le soleil est en train d'arriver. Au diable les optimistes, voilà exactement ce qu'il ne fallait pas raconter.
Au son du premier coup de cloche, l'oiseau choisi de s'élancer sur un des hannetons bien trop narquois. L'air anglais carillonne, et le tableau s'obscurci (nous voilà suisses). Sous l'effet du gradient thermique modifié, Mr Spock est dévié brutalement, ses antennes forment un rictus affolé, et il tente de compenser comme un malade sa voltige en débandade. Sa fréquence de flaps passe de 5 à 6.5Hz (*). Changement de piste, la table du random Apple a sélectionné Monkey Island 3. L'homme termine une vrille. Deux ailes poudreuses viennent soudain se coller au cockpit de plumes dans un *splatch* imaginaire. Traversant un nuage quelconque, un B747-400 reçoit une série de MAYDAY incompréhensibles. Le piaf aveugle fait de larges embardées, avant de finir un atterrissage d'urgence dans l'arrière d'un crâne nu. Une paire de mains éxécute un mouvement inédit et s'étale dans les pâquerettes. En fond, l'église de Puerto Pollo sonne le thème principal. Je mord une nouvelle fois dans le pain complet.
(*) Il est marrant de noter que l'onde Doppler créée par le papillon prit de panique a fait plusieurs fois le tour du globe dans le sens rétrograde de rotation. Lorsqu'elle atteint quelques heures d'antichronologie, des observateurs pinailleurs ont reporté que le souffle ainsi déplacé a dévié le cumulus de Luzern vers Thonon-les-bains. J'en suis venu à douter sévèrement de la véracité de ce post.
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