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Où l'on est sensé en apprendre plus sur les patates et les systèmes quantiques.
La vérité se situe au milieu de tout, gros.
Haïku lorrain

37,7°C sur la place du marché
01/04/2004 20:06:24
Preukwek secoue sa tête vivement dans l'air friscouille du matin. Agrippé depuis la veille dans les hautes ramures d'un pin bouffé par un armillaire, il remarque seulement maintenant au petit jour l'exposition venteuse mal choisie. Pourtant, de la lisière du bois, les prés enrosés et miroitants font un chouette spectacle. La brume duveteuse qui s'enroule aux abords des étangs, le caquetage des poules d'eau en reverb dans la vallée, et même pas la queue d'un épagneul qui trahirait un Michel Delpech vagabond. Des échantillons temporels de nature gratuite et désinvolte dont ne profiteront jamais vraiment ces impudentes bestioles. De l'écureuil au marcassin, de la vache au ragondin, des moments Knacki qui passent à côté d'oculaires trop absorbés à se lécher les poils, ou à concentrer une intense réflexion sur un bout de feuille qui tombe.
Un petit charançon s'aventure à l'aveuglette sur une patte écaillée. Preukwek peste, et remue frénétiquement en équilibre sur une serre. En plus d'avoir l'air bien stupide en dogfight avec un vulgaire pissode, ses griffes s'engluent dans la sève affleurante, et une espèce de poudre verte lui colle à sa robe de satin noir. C'en est trop, il dégage d'un bond plané vers l'intérieur de la forêt, gobant par réflexe une drosophile égarée dans les rayons de l'aube.
Kratapouek est réveillé en sursaut à l'aterrissage de son pote, et tandis que la branche ondule violemment, une idée traverse son subconscient encore dans le pâté. Il réalise que le mouvement de la pointe suit la courbe sinusoïdale du pendule amorti, de pseudo-période non isochrone. Afin d'en faire profiter son compagnon, il s'exclâme :
« Kratapouek ! »
Un flottement dans l'ambiance accompagne l'évènement. Preukwek fixe son interlocuteur quelques instants, puis entreprend de se nettoyer la sève des pattes.

L'arbre remue un peu, car quelques branches plus bas, une forme maladroitement cramponnée au tronc est en train de nouer une corde. Les vibrations s'interrompent un moment, quand une dernière secousse plus brusque fait trembler l'édifice fibreux. Un *clac* discret complèté par quelques notes creuses, un peu comme un carillon d'os, ferment l'incident.

Kratapouek relève la tête, et tente de se souvenir du truc de la branche qui paraissait important. Un grand bostryche s'envole dans un vrombissement et dissipe définitivement l'attention du corbeau, qui s'attaque déjà au lustrage uropygien méticuleux de ses plumes antérieures.

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En transparence
12/04/2004 13:40:08
Contact. La chaleur instantanée de ma paume épousée vise les jambes à son cou. La tête à l'envers, suspendu à la crète d'un chapiteau étoilé, je repense à l'ancienne Corinthe. Verticale. L'histoire se répète, le temps fait son oeuvre, et comme elle Paul s'effondre. Ma carrière d'acrobate s'échoue parmi les divines pierres taillées, je chute entre les spirales marbrées de dessins étourdissants. Assassiné de sonorités, mon ouïe fine s'étrangle dans les courbes d'un bois précieux. Ma sourde oreille s'étale épanouie et s'endors paisible au tapis galbé des douceurs silencieuses. De l'autre côté du globe, dans la moiteur tropicale d'une jungle luxuriante, un oiseau de nuit perce la clarté de la lune montante. Il s'envole.
Réaction ...     

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One Day = Six Pix | It's a wet, wet world
15/04/2004 20:54:28

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Absence d'inspiration ? Manque d'imagination ?
Votre blog s'enlise dans la fixité, alors vite, réagissez : transférez Ubik sur votre ftp. Disponible en plusieurs formats de patch, Ubik revitalise votre base de données.
Finies les statistiques plus mortes que vous, terminées les tables referer désertes. Retrouvez votre lectorat en quelques kilobytes.
Totalement inoffensif si l'on se conforme à la FAQ, ne pas dépasser les vitesses d'upload prescrites.

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Le grain de la complicité
18/04/2004 21:19:03
Après m'être tué à la tâche, je décidais de repartir à l'assaut - ou plutôt, me laisser guider par la chaleur (la vie ne vaut rien). Dans le vestibule frais d'une vieille baraque de campagne, en équilibre sur une chaussette empoussiérée par la pierre érodée, j'enfilais la première botte en caoutchouc (mais moi quand je tiens). Dans un grincement couineux digne d'un orgue à souris mal accordé, ce fut l'hévéa lui-même que j'entendis hurler, l'écorce comme poignardée par mes ongles affutés (là dans mes deux mains éblouies). La porte du cellier ouverte à la volée, j'engageais à grands pas la ruelle détrempées du village, que l'orage peu à peu fuyait vers d'autres cieux. Je virais à gauche après le calvaire, tâché de mousse, à la croix de béton armé bousillée, et rejoignais les chemins boueux par-dessus les côteaux. Lorsqu'un grand tétras encore somnolent traversa à toute blingue ma trajectoire, pour aller se perdre dans le vignoble supérieur, je fis halte. Je dépliais les mâts télescopiques du théodolite et calais la station. L'évolution figée, c'était le moment de caresser (les deux jolis petits seins de mon amie) l'idée d'une amélioration. C'était croire que l'élévation était insuffisante, la pente de la barre projetée ridiculement faible. Je fut saisi entre temps d'un spectacle éclatant, quoique commun, celui des nuages faisant la course, et le sourire, l'accident bête, se glissa (là je dis rien ne vaut la vie). Je me surpris alors, les yeux fermés d'assurance, à arpenter les sillons d'un champ lexical gorgé de sentiments ensoleillés. Quelle folie, quelle évasion. Il fallait une fois de plus faire confiance en l'attaque, calculée sur l'adversaire le plus imposant possible. Gagner ne serait au final qu'acceptable.
Nota : la compréhensibilité centrifuge de ce texte exclut d'emblée l'ajout d'un filtre "jeux de mots navrants", car merde quoi faudrait pas pousser le souchon un peu trop loin.

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L'appel d'Abba et ses paillettes
26/04/2004 21:07:18
Pour rester accroché à l'inertie habituelle générale, je m'installe sur un de mes tabourets spartiates en métal troué.
Je n'ai rien à me raconter.
En me penchant par la fenêtre j'aperçoit des gens qui changent leur playlist, et je sens le picotement caractéristique de l'easy-posting me remonter le long de la nuque. Voilà l'idée.
A défaut de changeage de camshot, je m'offre donc le luxe d'un update de radio.blog. Histoire de quand même me torturer la tête un peu, sans quoi le monde serait triste, le thème de l'émission sera "je n'aime pas les reprises, alors je ne vais mettre que ça". En saluant au passage l'aide de mes petits compagnons malades d'ondes sonores, le fasciste fanatique et le capitaine de tchernobyl, ainsi que l'humeur des excellentes compliations "Paris Dernière" qui sont le contre-exemple parfait de ma phobie du medley. Ah oui mais non je n'ai pas puisé dedans, c'était juste pour dire.
Peloton d'exécution à 6 heures en revanche pour Kelly Osbourne et son délicieux "Papa don't preach" qui a refusé toute conversion en swiff, malgré resample / cut / stereo flip / distorsion / saucisse. Le lait a tourné, le mystère reste entier. Qu'importe, le coeur y est, il suffit de fermer les yeux, de l'imaginer très fort et oooh eh écoute c'est la 'tiote à Ozzy dans les nécouteurs.
Ah j'oubliais oui alors pourquoi je n'aime pas les reprises, ben en fait tout a commencé lorsqu'à huit ans et demi en regardant une fourmilière il s'est mit à pleuv... argh désolé j'ai plus de pièces dans le tunnel.

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Fiche S.P.S. IKEA n°8 : les dangers méconnus de l'ingestion d'une ampoule 45W
01/05/2004 19:56:30
« Maintenant, représentez-vous la souffrance comme une boule blanche, d'une lumière aux vertus curatives. »
Je débarque en faisant claquer les portes coupe-feu contre le crépi jauni. Non mais c'est COMPLETEMENT n'importe quoi. Je gesticule furieusement à l'adresse du meneur, invoquant tantôt l'intellect d'un balais-brosse, tantard l'incrédulité à se foutre des baffes (martyr way-of-life). J'ai beaucoup mieux que ça voyons !
D'une main plongeante dans les tréfonds d'une de mes multiples poches, je fais remuer bruyamment mes clés, fais semblant de me perdre, histoire de faire monter la pression "mais qu'est-ce qu'il va nous montrer ?". Ah tiens je vais leur faire le coup des doigts qui ressortent ailleurs, comme dans un bon Looney Tunes, parce que bon faut bien rigoler aussi. Tiens ce bout de tuyau à l'opposé de la pièce semble parfaitement adéqugnnnnnnnhaaan ! (héhé) Coucou ! Bleblebleble... ma main est là-bas 'gadez... haha. Bon. Cette ville est bourrée de petits marrants.
J'exhibe brusquement le quart restant de mon repas de midi au fromage, en meuglant un "tadaaa" d'ambiance victorieuse. Subjugués qu'ils sont. Au fromage. Ouaip. Je laisse un temps aux regards d'impuissance lancés en direction du chef de meute afin d'user définitivement son stamina de crédibilité, et j'attaque.
D'un coup de dents affuté, j'ablationne la housse du sandwich d'un morceau de papier alu protecteur. L'ex-déjeuner parabole de ma paume imprécise vers la fente des déchets organiques du container de recyclage. Qu'on se rassure tout de suite de par les gargouillis spongieux perceptibles, sa chute a été amortie par les bras fraternels d'un intestin grêle attentionné.

Il est ici nécessaire, pour une meilleure compréhension de l'article, de faire un rapide résumé du trajet oculaire des spectateurs hébétés. Donc hop : porte - engeulade - poche - embouchure d'aération - moi - jambon/fromage - poubelle - moi. Tout est calé on reprend.

De mes puissants bras compresseurs j'écrase sans pitié la feuille d'aluminium un peu grasse. Je la roule entre mes paumes et m'en saisi par le pouce et l'index. Un aller-retour du sujet devant l'assemblée fini de captiver son attention. D'une voix forte et décidée, j'harangue les visages blêmes, tandis que l'animateur s'enfuit en pleurant.
« Voici la source de vos problèmes. Regardez-là, cette petite boule de métal froissé imparfaite, creusée des même sillons que sont les gouffres de vos terreurs. Certes, vous pouvez tenter les armes conventionnelles, la blinder d'autant de médicaments que prescrits, aux effets ridiculement soporifiques. Alors je teste devant vous, je la plonge dans l'azote liquide, voilà, plouf. Hey wai rien ne se passe, le mal n'est qu'endormi. La boule est intacte. Idem, brûlez-la de toute la force d'une thérapie de charlatan, elle n'en souffrira pas (mais bon là je peux pas vous montrer il me reste qu'un poignet valide).
En revanche, regardez-moi, je la réduit. Au fur et à mesure, je referme ses crevasses, telles les blessures béantes de votre passé. Minutieusement, j'efface les excroissances douloureuses, j'égalise sa surface. C'est un travail de longue haleine, mais voyez comme tous les soucis, uns à uns traités une fois pour toute, rendent l'intégralité solide, étanche, construite. Voici votre personnalité ! Guérie, forte et étincelante !
Bon ok, maintenant, si la forme ne vous plait pas, rien ne vous empêche de modeler le truc selon vos gouts hein. Tenez je vais vous faire un hippocampe pour illustrer... Qu'est-ce que vous dites de ma méthode, hein ?»
Tandis que je m'attèle la langue pendante à un play-doh finition T-1000, un tapotage doux me caresse l'épaule. Un gros type à l'expression gentille me tend un doigt vers le paper-board.
"Sourds et muets, même combat - Pour une généralisation des téléphones mobiles avec transcripteur sémaphore - Un exposé du Dr. Mffggh"
Doucement, je donne l'ébauche marine à Jabba, lui indique de continuer, et arrache le premier extincteur à ma portée. D'un geste nonchalant, je dégoupille la sécurité, et entreprend de me remplir cul sec le gosier d'une mousse dioxydée salvatrice.

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Retour à l'actualité
Le compositeur de ce blog insiste lourdement sur le caractère gratuit, libre et volatile de ses partitions.
Toutes histoires de droits d'auteur et de propriété intellectuelle seront sagement reconduites à la porte.



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