Je m'accoude au comptoir d'un air dense, la face crispée au maximum afin de contenir ma déambulation coulée et difforme. Les membres enfin à l'arrêt, j'ouvre une main osseuse à l'adresse de la piste où se prélassent un pêle-mêle d'aéronefs transparents. Ne surtout pas regarder la tour de contrôle, il faut garder l'objectif en vue (selon l'école Georges Mc Fly). J'accentue bien la première syllabe :
CHIMAY !
La bouteille roule entre les reflets des épaves que la lumière, découpée par les pales du ventilateur, transforme en feux à éclat. Grâce à cette haie d'honneur en parfait balisage, et l'I.L.S. calé dans ma paume assoifée, l'atterrissage se fait au millipoil. Je vide le réservoir d'un coup sec, et m'essuie les babines d'une manche hydrophile, voire perméable.
HAAAA!
J'embarque de nouveau pour un tour de pièce en VFR, la démarche assurée tel un albatros mazouté.
Relisons. Hmmm... habile entrée en matière. Je me suis même payé le luxe de coller une transition idéale pour faire un inventaire instantané. En gros, je pourrais à partir de là décrire les gens qui se trouvent dans la pièce, en profiter pour reculer sur l'ambiance générale de la soirée, émincer de petits clins d'oeil pour les initiés, bref, un schéma de post soigné, rôdé et efficace. Rien à foutre.
Je reviens de Belgique où j'ai enterré à coups de pelle la sale petite gueule de 2003. J'étais chez Pounk et SenSe13, les gens les plus paisibles et équilibrés du monde, à la patience et à la gentillesse aussi démesurée que la psychose de leurs chats. Je rentre de Bruxelles où la gaité des visages ne dépends pas de l'ensoleillement, et où la mitraillette n'est dangereuse que pour la faim. En plus de mes deux hôtes exceptionnels, je grimpe sur un tabouret pour embrasser goulument Geradon, Alizarine et Cramoisi porteurs sains et intacts des meilleurs souvenirs de l'été dernier.
Bon, tant que je suis perché là-haut, j'en profite pour me jeter sur Pando et la couvrir de lèches. Qu'elle tente seulement de se débattre, et je redouble la dose. Non contente d'organiser des parties de strip-sapin chez elle affublée d'accessoires pornographiques, elle enchaine les goulots lapés avec nonchalance. La trappiste facile, son charme discrètement irrésistible mérite amplement de clore ce post où le français n'a pas sa place.
Qu'on se le dise (enfin que moi je me le dise surtout), 2004 sera Belge ou ne sera pas.