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Où l'on est sensé en apprendre plus sur les patates et les systèmes quantiques.
La vérité se situe au milieu de tout, gros.
Haïku lorrain

Comment disparaître complètement et ne jamais être retrouvé
04/01/2004 23:43:50
Je m'accoude au comptoir d'un air dense, la face crispée au maximum afin de contenir ma déambulation coulée et difforme. Les membres enfin à l'arrêt, j'ouvre une main osseuse à l'adresse de la piste où se prélassent un pêle-mêle d'aéronefs transparents. Ne surtout pas regarder la tour de contrôle, il faut garder l'objectif en vue (selon l'école Georges Mc Fly). J'accentue bien la première syllabe :
CHIMAY !
La bouteille roule entre les reflets des épaves que la lumière, découpée par les pales du ventilateur, transforme en feux à éclat. Grâce à cette haie d'honneur en parfait balisage, et l'I.L.S. calé dans ma paume assoifée, l'atterrissage se fait au millipoil. Je vide le réservoir d'un coup sec, et m'essuie les babines d'une manche hydrophile, voire perméable.
HAAAA!
J'embarque de nouveau pour un tour de pièce en VFR, la démarche assurée tel un albatros mazouté.
Relisons. Hmmm... habile entrée en matière. Je me suis même payé le luxe de coller une transition idéale pour faire un inventaire instantané. En gros, je pourrais à partir de là décrire les gens qui se trouvent dans la pièce, en profiter pour reculer sur l'ambiance générale de la soirée, émincer de petits clins d'oeil pour les initiés, bref, un schéma de post soigné, rôdé et efficace. Rien à foutre.
Je reviens de Belgique où j'ai enterré à coups de pelle la sale petite gueule de 2003. J'étais chez Pounk et SenSe13, les gens les plus paisibles et équilibrés du monde, à la patience et à la gentillesse aussi démesurée que la psychose de leurs chats. Je rentre de Bruxelles où la gaité des visages ne dépends pas de l'ensoleillement, et où la mitraillette n'est dangereuse que pour la faim. En plus de mes deux hôtes exceptionnels, je grimpe sur un tabouret pour embrasser goulument Geradon, Alizarine et Cramoisi porteurs sains et intacts des meilleurs souvenirs de l'été dernier.
Bon, tant que je suis perché là-haut, j'en profite pour me jeter sur Pando et la couvrir de lèches. Qu'elle tente seulement de se débattre, et je redouble la dose. Non contente d'organiser des parties de strip-sapin chez elle affublée d'accessoires pornographiques, elle enchaine les goulots lapés avec nonchalance. La trappiste facile, son charme discrètement irrésistible mérite amplement de clore ce post où le français n'a pas sa place.
Qu'on se le dise (enfin que moi je me le dise surtout), 2004 sera Belge ou ne sera pas.

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Les tissus de la réalité
09/01/2004 16:50:34
Dans un couinement métallo-plastique, une ènième porte vitrée à la poignée censée originale cède à ma poussée résignée. Une désagréable VMC surbrulante m'arrache le cuir chevelu tandis que je stationne sur le paillasson synthétique depuis longtemps inefficace; de par l'actuelle éblouissante performance de l'astre du jour, le terme éponge plate est plus approprié. C'est un genre de piège en fait, la dalle escamotable d'un ancien temple inca, qui lorsqu'elle détecte un surpoids déclenche un déssecheur géant. En faisant le point, il y a ça dans la plupart des magasins. Autant conclure que toute la ville est rebâtie en fait sur la dernière des trois cités d'or de Mû.
Au bout de plusieurs années d'entrainement, le psychopathe en milieu hostile sait s'équiper d'une panoplie sensée repousser l'enemi. Observons-le. Il porte généralement des haillons aux couleurs discrètes, ne regarde personne dans les yeux, et conserve son casque audio. Aux antipodes du client attractif, il cherche avant tout à écarter l'attaque de vendeur, et s'applique à ne dégager aucune phéromone qui trahirait l'envoi malheureux d'un riff "j'peux vous aider?". Il slalomme dans les rayons comme une ombre, évitant au maximum tout contact vivant.
On pourrait le croire affolé, subissant le milieu, mais il n'en est rien. Ses capacités cérébrales fonctionnent à fort rendement, il calcule sans cesse des trajectoires rapides et découpe l'espace en zones d'intérêt bien définies. Il sait ce qu'il veut et il est rare qu'il passe deux fois par le même endroit. Il a ses proportions bien en tête et filtre aisément tout tarif dépassant les critères. L'oeil vif et la main leste, il s'empare parfois d'une grossière peau de bête et slide prestement dans une cabine, où l'essai est généralement fulgurant et l'appréciation pointue, définitive. Un fois son butin sélectionné, le passage en caisse est si bref que les caméras de sécurité n'ont pas le temps de faire le point. Temps moyen de glisse dans une échoppe à débit négatif : huit minutes et vingt-deux secondes.
On peut pas vraiment dire que je suis un fna des boutiques de fringues. Je trouve ma joie de vivre ailleurs (hum). En revanche, il m'arrive de douter de l'absence de sécrétion de progéstérone par mon organisme, lorsque qu'après la corvée sus-citée, me voilà tout cabotin d'essayer peinard chez moi la nouvelle possession. Je me rassure en sachant que cette attitude est commune à tous mes trophées fraichement rapportés de la jungle communautaire. Chaque retour du centre-ville est une victoire, et j'arbore fièrement chaque jouet comme étant la résultante draconienne d'une chasse optimisée.

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One rabbit stew comin' right up !
12/01/2004 20:19:10
[20:27:44] <Fru2> yeess j'ai tué un lapin ..
[20:27:46] <Fru2> pov bete
[20:27:50] <Fru2> bonap
[20:29:12] <PatrikRoy> viens jiceh on cherche un lapinou pour toi
[20:29:33] <jiceh> meci :)
[20:29:45] <Fru2> jsuis perdu ..
[20:29:46] <Fru2> zut
[20:29:58] <Fru2> ha non
[20:30:15] <Fru2> c vers ou le wraith ?
[20:30:19] <PatrikRoy> ya la map avec [tab]
[20:30:27] <Fru2> j'ai vu
[20:30:35] <Fru2> mais je sais pas ou est le wraith sur la map
[20:30:39] <PatrikRoy> lapinouuuuu jiceh !
[20:30:42] <PatrikRoy> ici
[20:31:09] <jiceh> merde t'es où ?
[20:31:20] <Fru2> au wraith
[20:31:40] <PatrikRoy> je le surveille
[20:32:04] <PatrikRoy> ouaaaah un chevreuillot !
[20:32:12] <jiceh> c'est ou le wraith ?
[20:32:30] <PatrikRoy> nord-est sur la carte
[20:32:43] <PatrikRoy> viens jiceh
[20:33:17] <PatrikRoy> putain on a perdu le lapin
[20:33:23] <PatrikRoy> ce jeu est génial :)

Bon ok, des dialogues comme ça tout le monde s'en est tapé lors des premiers pas de Ultima Online.
L'ennui c'est que j'ai jamais voulu claquer une seule thune d'abonnement dans un MMORPG. Sans doute une sale habitude old school qui veut que j'achète ma boite et que ça me coute plus rien ensuite. J'ai pas dit que j'étais contre le principe, mais juste que ça n'intéressait pas encore mon portefeuille, ce con.
Je suis donc tout bêtement heureux quand je peux me replonger là-dedans gratuitement.

Merci d'éviter les comments "ça existait déjà avant", j'ai également connu les trucs genre The 4th Prophecy sur GOA.

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Ryan Toby, mon facteur
23/01/2004 13:04:43
Le soleil se faufile entre les lattes de mes stores mécaniques, et vient me caresser la joue d'un rayon tendre et duveteux.
"Réveille-toi, petit Patrik, et bonne journée !"
Je m'étire dans la couette surmoelleuse, et m'attarde un peu devant la galaxie de particules de poussière qui nagent lentement dans la lumière. D'un pied léger sur la céramique tempérée, je m'approche de la fenêtre, l'ouvre grand, et me gonfle de l'air du matin. Un rouge-gorge se pose sur une branche de pin en face, et m'adresse un salut d'un geste plumé "Hey hey hey ! Bonne journée Patrik !"
Je sors de mes pensées, quand la sonnette soudain carillonne sa mélodie, tel un couple de Mig-29 au décollage. Je descend d'un pas flottant, et le facteur m'accueille d'une chansonnette improvisée.

"Bonjour, bonjour monsieur Roy,
quelle belle journée n'est-ce pas ?
Je vous appo-orteuh votre courrier,
j'espère ne pas vou-ouuuh déranger...
(gospel choirs, hidden behind : yeah, yeah, yeah... owww yeeeah...)

...voici voici, monsieur, votre colis
et quelques lettreuuh par-là, par-ci.
Je souhaite qu'e-elleuuh soient votre bonheur au réveil,
que leurs mots doux et ten-endreuuh vous éclairent au soleil...
(same group, clapping hands : owwww happy dayyyy...)

...je file, je file, mon bon monsieur,
que l'avenir vous soit radieux !
J'ai d'autres bonhe-eureuuuh à distribuer,
j'espère ne pas vou-ouuuhh avoir dérangé,
bo-oonneuh journéééée !"
(tralala, ad-libidum, then fade out)

En remontant l'escalier carrelé, je décachète mes trésors.
Le colis : "Bonjour, bonjour cher client ! Voici vos achats livrés dans les temps. Merci encore d'avoir commandé ! Bonne journéééeeiiiyeaaahh !"
Joie.
La première lettre : "Bonjour, bonjour cher assisté ! L'assédic Lorraine est heureuse de vous accueillir dans son club très fermé... voici vos allocations versées pour le mois de Janvier ! Alley ! Et booonnne journée ou-houuu yeaaaah !"
Bonheur.
La deuxième lettre : "Yeepee yo ! Salut à toi cher demandeur d'emploi ! Tu voulais bosser chez nous pour dessiner tranquille comme un fou ? Ta candidature est rejetée ! Vas te coucher, et bo-onnneuh jou-houhouhrnée !!"
Je bute contre la dernière marche de mon ascension, et m'étale la mâchoire dans le carrelage. Par un adroit deux bandes brossé à la Reverchon, un morceau de dent projeté dans un coin de mur me revient dans l'oeil. Le bout d'émail me lance dans un sourire angélique : "Allez debout Patrik, et bonne journée !".

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Retour à l'actualité
Le compositeur de ce blog insiste lourdement sur le caractère gratuit, libre et volatile de ses partitions.
Toutes histoires de droits d'auteur et de propriété intellectuelle seront sagement reconduites à la porte.



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