Rosée du matin sur brins d'herbe
03/10/2003 22:40:27
Mes quatre paires de roues clapotent en rythme déstructuré, tandis que je remonte le cours Léopold dans une pré-release de Drunken Master III. Les quads s'agitent en polylignes complexes, et la danse de l'homme saoûl me permet d'encaisser la gravité décuplée des virages au macadam grip-friendly. Même pas mal... je rentre du déménagement de Guernica, et le stade des courbatures est dépassé. Les gambettes en béton, je slalomme entre les plaques d'égout PàM. Je fais un vague sourire à l'adresse du souvenir de Bill qui, dans ma tête à l'arrière d'une trotinette de Boule, s'esclame terrorisé "Je n'ai jamais vu une poubelle passer à cette vitesse". J'ai dû grimper à un rythme effréné les niveaux d'Agilité sur escalier en colimaçon, Résistance aux ampoules de tournevis, Dégueulassage de communs, Aveuglement par saloperie dans l'oeil tombée d'une charge, etc. A cette orgie musculaire se mêle pourtant une lassitude étourdissante. Le cortex a même spécialement sorti un avenant au contrat de conscience stipulant au paragrape 12.7 : "Les touffes broutées par les moutons sauteurs ne doivent pas égaler ou dépasser le chiffre critique de trois par noeud synaptique, sous peine de grave lésions de la personnalité". Et puis en y réfléchissant, un ovin qui mâche ne peut pas effectuer en même temps son devoir de bond soporifique. Ou alors c'est un mouton électrique mal réglé. Je profite d'une ligne droite inoffensive pour dévisser mon panneau de maintenance, et paf, un poteau d'arrêt de bus dans la cheutron. Oh monde de merde.
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Cumulus Mediocris
05/10/2003 20:03:17
There's a gap in between There's a gap where we meet Where I end and you begin And I'm sorry for us The dinosaurs roam the Earth The sky turns green Where I end and you begin I am up in the clouds I am up in the clouds And I can't And I can't come down I can watch but Not take part Where I end and where you start Where you you left me alone You left me alone X will mark the place Like parting the waves Like a house falling into the sea
I will eat you all alive I will eat you all alive I will eat you all alive I will eat you all alive And there'll be no more lies And there'll be no more lies And there'll be no more lies And there'll be no more lies
Radiohead - Where I End and You Begin (The Sky is Falling in)
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Le déplacement abusif des phoques en haute mer
06/10/2003 10:08:36
Au bout d'une dizaine d'appels, je commence à lui taper la discut'. J'ai le sentiment qu'elle est bien plus qu'elle ne veut laisser en paraître. Son travail rigoureux et efficace cache sans doute un individu intéressant, mais auquel on ne demande jamais son avis. Quel gâchi. J'arrose un panel de sujets variés, je lui parle de théâtre, de peinture sur pneus, d'exploitation forestière abusive, de flashages de BIOS, de la cuisine des mousquetaires. La sonnerie occupé continue inlassablement, mais je sais qu'elle m'écoute. Que Peut-être pour la première fois de sa vie, une larme à l'oeil, son coeur gonfle d'une dimension nouvelle. Elle se sent exister, consciente, reconnue. Pas juste une tonalité monotone à qui on balance des "eh merde encore !" ou des "jamais tu raccroches ?". Un parallèle étourdissant me fait penser à la condition des esclaves noirs, aux ghettos Polonais, aux Thibétains opprimés... Je balance violemment le combiné sur son socle en gueulant un "Non mais jamais ils raccrochent FFS ?!" Le poil légèrement dressé, je croise le regard de mon frigo mort, poignardé dans le freezer à la fleur de l'âge. D'une détente batracienne, j'ouvre brutalement la porte-ventouse, arrache les grilles alimentaires et m'installe en boule dans le compartiment à légumes. Une narine collée à la fuite, j'aspire le fréon à grandes bouffées tout en pensant à l'évolution amphibie du veau marin sous le cercle polaire. Sonne, petit téléphone.
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2009 - Judgment day (Memento style)
07/10/2003 19:45:39
Prenant bien soin d'afficher un visage neutre, je hausse mains et épaules à l'adresse des Men in Black version capillaire Louis XIV. - Mais qu'est-ce que j'ai dit ? Le marteau commence à déformer son socle. Le public, apparemment choisi pour ses performances chorales, s'accorde à lancer un magnifique "Ooooh" slidé en LA 55 fondamental. L'accusation est sur les genoux, visiblement étourdie par tant de sincérité apportée sur un plateau. L'homme se ressaisi rapidement, et dans un grand frou-frou de velour, balaye l'assemblée d'un bras tendu paume vers le ciel. - PatrikRoy, pourriez-vous nous répéter ce que vous venez de dire ?! Une centaine de paires de limaçons se contractent sous l'effet de la concentration redoublée. J'estime à vue de nez que 38% sont assistés électroniquement. - Bah je dis que ça tient pas debout. Moi, à la place du tueur, j'aurais pas procédé comme ça. L'électrocution, c'est vachement nul. La technique est dangereuse et trop aléatoire. Le marteau commence à fêler le bois du bureau. Mini larsen. Choc sourd. Une paire de bottines basculent derrière un banc de la première rangée. Dans un coin de mes réflexions, je fais passer mes quotas à 37%. J'ajoute un post-it mental sur le zèle des batteries neuves. Ma voisine attaque nerveusement son cartable aux ongles, je décide donc de continuer sans son aide. - Et puis, c'est aberrant, j'aurai été bien incapable de mettre en scène ce foutoir. Le coup du remote IRC intelligent qui réponds aux potes à ma place, c'est de la science-fiction. "Je logge, donc je suis", n'importe quoi. Je parle même pas du Bot Duke Nukem Forever que j'aurai programmé pour mon alibi "online". Le jeu viens à peine de sortir, voyons. Non, c'est du pipeau cette histoire. Dans un élan théâtral incontrôlable, je me rassoit, croise les jambes, et appuie un coude décidé sur mon genou. - Et puis franchement, ce serait vraiment stupide de ma part d'écrire un post sur un meurtre prémédité, et de l'accomplir ensuite exactement comme je l'ai décrit. Ce serait me désigner comme le tueur. Je ne suis pas stupide. A ce moment précis, j'ai une furieuse envie de choucroute.
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Aux hérons de la voltige
09/10/2003 21:35:43
A la lueur épileptique de la lampe à huile, je vois la sueur perler au bout de mon nez. Je tranche la surface rocailleuse compacte à grands coups de pioche, et les paraboles d'éclats de glaise viennent se coller à la paroi du sous-sol. Je tousse un peu, puis brosse mon bouc rouquâtre d'un coup d'ongles terreux. Je souris d'une dentition sauvage à l'adresse de ces tunnels frais et obscurs. Je suis dans mon élément. Je suis un nain. Il y a quelques années (dans les années dix-neuf cent), la folle idée de faire du sport intensivement m'avait traversée. Je me souviens de ces nuits d'hiver à courir dans la forêt, le sol gelé craquant sous mes Nike gonflées à bloc. De ces tours d'étangs embrumés du matin, à cracher ma hargne sous le regard empâté des hérons monopatte. Bon, moi la campagne, les bêtes, tout ça me plait à donf, alors à force d'entrainement, la corvée s'est transormée en plaisir, puis en nécessité. Non pas le fait de baiser avec la nature comme ça, mais est apparue une substance que je ne connaissait pas jusqu'alors. La drogue endorphine. Il n'y a qu'en discutant avec de faux sportifs comme moi que j'ai retrouvé la même lueur dans les yeux. Ce besoin de... hum pardon, j'ai besoin d'une mise en scène là. /me pousse l'ouverture de l'objectif, augmente l'éclairage, se colle un dentier éclatant et prends deux enfants propres par la main ...de se dépenser pour ne pas penser. Sensation unique. Passés les premiers kilomètres, et à force d'habitude, la foulée est puissante et régulière, on redresse la tête, on regarde autour de soi, plus de soucis. Le paysage défile, on ne se rends même plus compte de l'effort, et les conneries inhérentes au cerveau humain abandonnent la lutte face aux sens décuplés. Un genre reprise de pouvoir de la bête sur l'homme. Alors moi, là, dans la cave de mes géniteurs, à bêcher le sable pour virer l'humidité, je jubile. En nage, les fumerolles de la chaleur corporelle se glissant dans l'atmosphère par les mailles de mon tee-shirt moulant, je suis tranquille dans ma tête. Plus de conflits neuronaux sur l'avenir social, plus de robot-mixeur sur l'hypophyse affolée par le sexe opposé. Ne reste plus que l'essentiel, le bien-être, le rêve, et une bonne menthe à l'eau. J'entends le clapotis des pattes d'une épeire diadème jouer à Holiday on ice sur le vasistas. Je croise le regard d'un cloporte, je jurerai qu'il me fait un signe sympatique de sa mandibule "Hey Patrik, comment qu'c'est gros ?" (oui les insectes aussi sont Lorrains). Un moustique se refait l'attaque de l'étoile noire en rase-motte entre les joints des parpaings. Quel pied. Ne plus réfléchir.
J'ai dix ans Je sais que c'est pas vrai mais j'ai dix ans Laissez-moi rêver que j'ai dix ans Ça fait bientot quinze ans que j'ai dix ans Ça parait bizarre mais Si tu m'crois pas hey T'ar ta gueule à la récré. Alain Souchon - J'ai dix ans
(Bon je termine ce post en plagiat, c'est un signe, Thib, mets-toi au sport, ha-HA)
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Eine Grosse Fünf
14/10/2003 17:25:43
A force de le chercher sans succès (failure wants me to fail), j'ai saisi d'une main mon petit Ultraedit, d'une autre ce cher Media Player, et des deux autres qui restent mon courage. Voilà qui est fait, une section de plus s'ajoute à Cosmochips, dépucelée à l'instant même par l'ajout du script de Derrick contre Superman. N'étant pas du genre possessif, l'intégralité de la transcription est bien sur complètement libre de repompe. Mais avant celà, j'en appelle au lecteur intransigeant et sympatique afin de me signaler toute erreur, dsylexie chnroique, oubli, voire même de compléter mes quelques incertitudes signalées entre crochets [ ]. Merci, et n'oubliez pas que vous n'avez droit qu'à une seule réponse.
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Le nutella, fibre élastique
19/10/2003 23:17:26
Deux jours de Vosges intenses, à se lover dans le canapé vert du "petit Canada". Fermez les portables, videz vos poches, préparez-vous à décoller la crasse citadine dans dix, neuf, huit... Laisser couler le temps, ramper de fauteuil en coussin, de duvet en oreiller, mimer le pain grillé au soleil du matin. Lever un sourcil en éclaireur hors de la couette, souffler une haleine tiède pour tâter de la température ambiante. Buée. Se renfouir sous la montagne de couvertures en se marrant comme des gamins. Evacuez le stress dans huit, sept, six... Ignition sequence start... Ecouter le chant du fromage fondu bouillonner, se dorer aux vapeurs de la machine, dévorer. Pain frais, brioche au beurre, saucisson noisette, jus de raisin, épais jambon du boucher, crème dessert. Un échantillon de bonheur à répéter trois fois par jour. Et l'estomac qui hurle sa joie. Souriez béatement dans six, cinq, quatre... Attention... Etalé sur le tapis du salon, roué en place de Grève, à regarder les fêlures du plafond qui irradient cette gigantesque baraque, je m'abandonne à toute cale qu'on voudrait bien m'enfoncer. Bah rien. Un doux dingue au regard fou gratouille une folk, une blondinette enfantine pianote par à-coups des airs bicolores, des pads cliquètent à l'attention d'un vieux téléviseur dépassé par son propre faisceau. Et la volonté qui farandole autour de nous. Oubliez vos questions dans quatre, trois... Vérifiez vos liens affectifs... Checked... Identifiez la source de chaleur... Deux... Checked... Coupez les liens morts... Eloignez les parasites... Un... Redistribuez la valeur des gens... Préparez-vous à percer l'ampoule... Ignition. Préparez-vous à frapper dans le jokari... Maintenant. Frappez. Maintenant. Terminez le Palahniuk... Maintenant.
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Thé ou thé vert ?
26/10/2003 11:21:29
J'ai passé ma première année d'internat avec un grand Marnais costaud. Il était bien utile pour faire évacuer les côte-d'ivoiriens/américains culturistes ou les petits luxembourgeois fourbes qui se faufilaient partout dans la piaule, à la recherche de biscuits divers. Je me souviens aussi n'avoir jamais autant bavardé dans le n'importe quoi (a.k.a. "philosophé") qu'avec lui. Moi et le Jaïbee (ainsi nommé un soir par les jamaïcains lors d'une tentative d'extortion de chips avortée) étions alternativement le maitre à penser de l'autre. Au luxe dans notre petite chambre 6, avec fenêtre sur le parc, l'étang et les écureuils, les heures de tchâtche post-couvre-feu étaient devenues nécessaires à la psychanalyse réciproque. Enfin bref, lors d'un ébauchage classique de scénario de science-fiction, on souriait à l'idée de rencontrer un jour un type dans la rue qui, affolé et perdu dans un accoutrement bizarre se précipiterait sur nous en articulant "donnez-moi la date d'aujourd'hui, s'il vous plait, vite !". Et nous de répondre genre "baeuuh 26 octobre". Il nous attraperait alors par les épaules en secouant "non mais l'année ! Donnez-moi l'année !!". Voilà. Super marrant. Non mais ça a vachement perdu de son originalité, X-files et autres Sliders ont depuis sucé le sujet comme pas possible. Dans le temps on avait que la Twilight zone et Allan Poe pour penser à des trucs de ce style. La situation m'est arrivée lors d'une réunion de gens vendredi. Quand le dernier gugusse s'est levé pour partir, il m'a posé la question. J'ai été déçu parce que je voyais ça en plus impressionnant. En revanche il a assuré niveau fringues, habillé en vosgien traditionnel (les aliens les plus terrifiants sont toujours sapés comme des vosgiens), mais avec une cape et un chapeau noir. Sous son crâne chauve et luisant, deux yeux rouges m'ont regardé. Il avait une petite voix aigue et perçante et m'a ajouté "quand j'ai tué ton frère... Teddy... je parlais... COMME ÇAAAA".
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Meeting Fanachists Is Easy
30/10/2003 14:27:15
Vitry sur Seine, non loin de la montagne SpiridionIRL log sequence start : <PatrikRoy> Hey, j'ai un truc à te faire écouter, tu vas hurler. /me dégaine son Sony CMD-J70[Radiohead - Hunting Bears - EFR ~ 12.2 kbps de chie - Mono - 0:08] <Pomme> Woohoo sympa ta sonnerie... c'est enregistré direct ? Fin classe ! Attends je te fais écouter les miennes... /me ouvre son Samsung SGH-C100[Radiohead - There There - 44.1 kHz - Dolby 5.1 - 5:24] <PatrikRoy> ... <Pomme> Ils filent un câble pour les transférer, c'est du MIDI... le chip est pas mal non ? <PatrikRoy> ... <Pomme> Ah pis attends, j'en ai mis d'autres je crois... [Radiohead - Knives Out] [Radiohead - Everything In Its Right Place] [Radiohead - Paranoid Android] ... .. . <PatrikRoy> ... <Pomme> Celà dit, j'en ai qui rendent mieux sur mon autre portable tiens écoute... <PatrikRoy> ... /me cratered
Retour à l'actualité
Le compositeur de ce blog insiste lourdement sur le caractère gratuit, libre et volatile de ses partitions.
Toutes histoires de droits d'auteur et de propriété intellectuelle seront sagement reconduites à la porte.
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